Le refuge d’accueil d’urgence pour jeunes LGBT : inédit en Wallonie


La fondation Ihsane Jarfi, avec le soutien de la ville et du CPAS de Liège, vient de lancer au début du mois de juin son dispositif d’accueil d’urgence pour les jeunes reniés par leur famille et leur proche à cause de leur orientation sexuelle et/ou de leur genre. Une grande première ! En effet, il n’existait pas, avant ce projet, un refuge spécifique et uniquement dédié aux jeunes LGBT en Wallonie.

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« En à peine deux mois, six personnes ont déjà contacté notre structure. C’est pour dire la demande criante. Au début, nous avions estimé que six personnes allaient nous solliciter sur une année, et là on est déjà à six personnes sur quelques mois. On constate que ce centre va être pleinement utile », déclare Vincent Bonhomme, administrateur délégué du refuge.

L’initiative est portée par la fondation liégeoise Ihsane Jarfi. Cette structure a vu le jour suite au meurtre homophobe dont a été victime Ihsane Jarfi. Le jeune homme fut enlevé, torturé et assassiné par quatre individus en avril 2012 en sortant d’une discothèque à Liège. Le père de la victime, Hassan Jarfi, a choisi de transformer sa douleur en combat. Comment ? En donnant vie à la fondation qui est aujourd’hui à la tête du refuge d’accueil d’urgence.

Le lieu est géré par Vincent Bonhomme, administrateur délégué et bénévole de la fondation également conseillé CPAS à la ville de Liège. Ouvert depuis le mois de juin, la genèse du projet date de 2017. Deux ans plus tard celui-ci voit enfin le jour. Il comporte deux volets : un refuge d’hébergement en urgence et un hébergement de transition.

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Permettre au jeune de se reconstruire

Dans un premier temps, le refuge est capable de proposer un hébergement d’urgence aux jeunes mis à la porte de chez eux en raison de leur genre ou orientation sexuelle. « L’endroit du refuge est tenu secret pour éviter différents problèmes. Nous avons une large capacité d’hébergement en urgence de ces jeunes délaissés par leur famille. Ils peuvent y rester quelques semaines, par exemple là nous en avons deux qui y sont depuis 41 nuits. Cela leur permet de se reconstruire dans un environnement calme loin du conflit familial. Il permet aussi de faire le « deuil » de sa famille dans certains cas et de commencer le processus de rupture parentale pour pouvoir avancer », poursuit Vincent Bonhomme.

En plus de ce refuge d’urgence, l’ouverture d’un appartement transitoire à destination de ces jeunes verra le jour la première semaine du mois de septembre : « La semaine prochaine nous allons mettre en place un appartement de transition, doté de deux chambres, pour permettre à ces jeunes de se reconstruire », développe-t-il. Concrètement, la Ville de Liège met à disposition de l’association un appartement social qui sera occupé pour une durée de six mois, renouvelable une fois.

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Une première qui répond à un besoin criant

« Ce projet de refuge est inédit en Wallonie, alors qu’en France cela doit faire 15 ans que genre d’endroit existe », précise-t-il. « Si l’accueil des mineurs est impossible, car cela relève de problématiques délicates, la fondation constate que le besoin est présent au-delà de notre estimation initiale… Six personnes en quelques mois, cela montre que la demande est forte et qu’on a besoin de plus de structure », pointe l’administrateur délégué du refuge. En effet, Vincent Bonhomme souhaite que d’ici l’année prochaine, la fondation obtienne de nouvelles infrastructures comme un deuxième appartement. Autre souhait : bénéficier également de financements plus conséquents pour pouvoir employer une personne. « Moi je suis bénévole, je suis tout seul sur le refuge. L’idée est d’ouvrir un deuxième appartement et de pouvoir avoir des financements pour employer une personne ».

Dans un contexte de violence familiale et de rupture extrême et totale, le refuge a pour mission d’être une structure accueillante permettant à ces jeunes de se reconstruire et d’avancer malgré le deuil familial.

B.T. (article issu du Guide social – 30/08/2019)